Joignable? Oui, mais à quel prix ?
Il y a une quinzaine d’années, recevoir un texto ou un email ou carrément un appel était encore du bonheur. On se sentait important, sollicité. On pouvait enfin sortir de son cocon et s’ouvrir au monde externe. Aujourd’hui, c’est une corvée de lire, traiter et nettoyer sa boîte de réception ou simplement de marquer comme lu et supprimer ses intarissables notifications.
Que ce soit pour le travail, un entretien, une livraison, de la publicité ou la famille et amis, nous sommes en constance sollicitation. Nos téléphones ne cessent de sonner/vibrer. On y est devenu tellement accroché et dépendant que ne pas répondre est devenu offensant voire conflictuel. Tout le monde s’attend à ce que l’on décroche ou réagisse à la minute même, à une heure ou à une journée près, grand maximum. Les nouvelles technologies et réseaux sociaux n’en facilitent pas moins la tâche. Ils nous notifient de ce qu’on a manqué. Ils avertissent nos contacts à la seconde où l’on se connecte. Et ils traquent et divulguent notre activité en ligne. Plus rien n’échappe à personne. Nous sommes passés de la jouissance de l’accessibilité à la contrainte d’être permanent joignable en un battement de cils.
Il est vrai que les moyens de communication de nos jours facilitent notre quotidien et réduisent les distances. Ils permettent à des familles de rester en contact permanent, à des relations professionnelles de voir le jour et procurent des divertissements divers. Mais est-ce raison suffisante d’assimiler un appel non retourné (non planifié) à un rendez-vous manqué ? Une personne connectée est-elle forcément disponible ? Ne serait-ce pas une agression que de forcer les gens à réagir à notre gré ?
Je pense que bien que nous domptions en apparence les nouvelles technologies et les changements mondains, il nous faut encore du temps pour nous l’approprier et nous adapter. Si des signes et données peuvent être lues de nos comportements quotidiens, il est encore trop tôt de tirer des conclusions. Les temps ont changé. Prenons le temps de s’adapter et réapprenons à tolérer.