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Et si le client redevenait roi ?

Au Maroc, comme dans tous les autres pays du monde, le client est roi. Un roi déchu sans son savoir ou peut-être n’a-t-il jamais été couronné. Le client au Maroc est devenu l’esclave des temps modernes. Il doit travailler pour payer non seulement ses factures et impôts, mais aussi son droit de consommer. Car le consommateur chez nous, doit payer aussi bien de son argent que de son ego et de sa fierté.

Que ça soit pour un service ou pour un bien, le consommateur au Maroc n’est qu’un canal de communication entre l’argent et le prestataire. Prenons le simple exemple des taxis. Un exemple simple et déprimant. Les taxis au Maroc, bien qu’un moyen de transport primordial, ne dépendent pas du ministère du transport mais d’un système, unique, basé sur les agréments. Seules les personnes dotées de cet agrément disposent du droit de posséder un taxi. Ainsi, elles ne sont pas là pour travailler mais uniquement pour récolter l’argent qu’on leur doit quand on doit se déplacer. Ce qui expliquerait un peu leur air hautain.

Si le conducteur du taxi n’a pas de monnaie, c’est la faute du client. Si le conducteur du taxi ne veut pas aller à la destination demandée, c’est aussi la faute du client. Si le conducteur du taxi  n’aime pas la circulation débordante ou qu’il n’arrive pas à avoir deux autres courses en même temps pour rentabiliser cette première, ben c’est simple, c’est encore et toujours la faute du client. Et bien entendu, il ne ratera aucunement l’occasion de le lui faire rappeler et payer…

Malheureusement, cela ne s’arrête pas seulement à l’abus de « pouvoir ». Aujourd’hui, les conducteurs de taxi harcèlent, agressent et violent. La dernière fois que j’ai pris un taxi suspect, je me suis en voulue. Non seulement l’état du véhicule laissait à désirer mais aussi et surtout l’allure du conducteur était loin d’être rassurante. Tout au long du trajet, je priais ardemment pour qu’aucun malheur n’arrive et bien que voulant descendre après les premiers signes de danger, j’ai du patienter jusqu’à quelques pattés de ma destination pour ne pas sembler suspecte, le cœur tremblant.

Une fois descendue, j’avais ce sentiment de remords puis je me suis souvenue que je ne faisais pas de l’auto-stop, que j’ai payé un service pour arriver à ma destination et que je ne devais rien à cette personne à part le prix sur le compteur. J’avais la colère non seulement contre le conducteur du taxi, mais contre toute leur assemblée. On devrait réexpliquer à ces gens là que le service qu’ils rendent est une prestation, non un service comme dans « rends moi un service stp ». Ils ne nous rendent pas service, ils travaillent comme nous le faisons, pour eux aussi payer leurs impôts et factures.

Et parlons-en de ces impôts et de cet état qui les régit ! Nous ne vivons pas dans une jungle, ni dans une société anarchique. Nous avons une monarchie, une constitution, un chef d’état, un parlement, des ministres, des représentants mais aussi des gens qui sont censés nous « gérer » et « protéger ». Où sont-ils quand des lobby de taxi et de privilégiés (agréments) nous volent notre droit le plus simple et le plus fondamental qu’est le respect ?