Le pouvoir du like
Si aimer jusqu'à l'impossible, c'est possible, aimer un post sans se sentir puissant l'est devenu moins. Un simple like permet de changer la donne. Il permet à une influenceuse d'obtenir plus de partenariats, à un journaliste d'avoir plus de notoriété et d'une affaire public de prendre plus d'ampleur. Mais avec plus de pouvoir, vient plus de responsabilité. Du moins, en théorie. Il est devenu simple de faire et défaire des réputations, mais qu'en est-il de notre moralité ? L'avons-nous abandonné au profit de notre égo ?
Autant des réseaux sociaux comme Instagram ont rendu les gens plus imbus d'eux mêmes voire narcissiques, autant ils ont ouvert la porte à la méchante et mesquinerie. En effet, si certains exhibent toute leur vie sur ces réseaux, d'autres ne ratent pas une seule occasion de les critiquer voire de les harceler. Et ce, en mode incognito of course. Parce qu'aujourd'hui, si la plupart est identifiable via des profils réels, beaucoup choisissent d'être les fantômes du web. Tantôt portant de faux noms, tantôt arborant des croyances et idéologies comme devise voire marque de fabrique. La jalousie est devenue déguisée en bienveillance, l'insulte en conseil. Tout le monde se permet de donner son avis sur la vie étalée des autres. Parce qu'ils les ont eux-mêmes conviés aux premières loges de leur vie privée.
C'est étrange comme derrière un écran, tout devient accessible. Il devient alors facile d'atteindre une personne, de caresser son égo ou de casser ses ambitions. Les barrières tombent et les écrans ne protègent plus. Des personnes que l'on aurait jamais connu ni pu côtoyer dans la vraie vie, deviennent accessibles voire familières.
Des communautés se créent. Non comme des abeilles autour d'une reine mais plutôt comme des lobbys faisant pression. Elles les suivent minutieusement, jugeant leurs tenues du jour, leur déjeuner et leurs sorties. Elles ont appris ce qu'elles aiment et ce qu'ils détestent et se projetons par moment dans des vies, qui auraient pu être les siennes, mais qui ne le sont pas. Des vies dont elles ont néanmoins obtenu le contrôle. Elles choisissent avec elles leurs achats de luxe et leurs prochaines destinations voyage. Elles sont tantôt adorées, tantôt jalousées mais elles sont surtout suivies. Qu'elles soient aisées ou qu'elles aient réussi à gagner en visibilité de la qualité de leur contenu ou de l'ardeur de leur travail, elles sont persécutées.
Elles ont bâti leur communauté, mais ont découvert au cours du chemin que ces gens là ne faisaient pas que les aduler. Qu'ils pouvaient à tout moment leur devenir néfastes. Elles l'oublient peut-être par moment, mais la communauté est là pour le leur rappeler. Ce n'est plus elles qui décident.
La communauté décident de leur contenu. Elle dicte ce qui sera reporté de ce qui sera oublié. Elle décide des tendances, elle écrit l'histoire avec elles, pour elles. Et si demain, par malheur, elles osent se rebeller, la communauté les écrasera d'un clic en moins. Elle ne likera plus. Elle les lynchera et adulera son remplaçant.
Ce n'est pas que les influenceurs sont des victimes. Mais ils sont assurément souvent victimes de leur succès. Ils subissent aujourd'hui les conséquences de leur engouement. Des conséquences réservées jadis aux stars des grands écrans et des musiciens mais qui sont devenues aujourd'hui accessibles à tout ceux qui prétendent à de la visibilité. Mais si une personne ouvre son univers, est-ce une raison d'oublier ses propres limites et toute notion de respect ? Est-il réellement possible de vivre deux vies sans se perdre ? Comment garder ses principes, son intégrité dans la vraie vie si nous nous perdons dans la laideur de cet univers si étendu mais si confiné qu'est le web ? Avons-nous réellement le droit de critiquer, de blesser ou simplement de s'immiscer dans la vie d'un inconnu simplement parce qu'il a laissé la porte ouverte ?